25ansIris

Discours de Rudi Vervoort à l'occasion des 25 ans de la Région bruxelloise

communiqué de presse

10 mai 2014

Mesdames, Messieurs,

Chers collègues,

Chers amis,

Il y a exactement 368 jours, je succédais à celui qui est tant de fois monté à cette tribune pour défendre Bruxelles de toutes ses forces.

Et à quelques jours des élections, je voudrais publiquement dire à Charles que le bilan que je vais tirer de cette législature dans quelques instants, est bien évidemment le sien également.

Et il est celui de tout un Gouvernement qui s’est constamment battu pour faire avancer les intérêts de Bruxelles et des Bruxellois.

A cet égard, je veux également remercier le Parlement, sa Présidente et ses députés, pour tout le travail abattu.

Enfin, ce bilan est aussi celui de toutes les forces vives de notre Région sans qui Bruxelles ne serait pas ce qu’elle est.

Mesdames, Messieurs,

Il y 368 jours, je prononçais mon discours d’investiture à quelques mètres d’ici.

Je tenais en substance les paroles suivantes :

« Je serai l’homme d’une méthode pour mon Gouvernement : se fixer des objectifs concrets et les atteindre.

Bruxelles a besoin d’actes concrets, d’actions déterminées, de choix forts et de priorités. »

Et j’ai la faiblesse de penser qu’en une année passée à la tête de la Région, c’est ce que je suis parvenu à imposer comme méthode de Gouvernement.

Apporter des réponses précises et concrètes aux problèmes que vivent Bruxelles et les Bruxellois.

En à peine quelques mois, cette méthode a permis de débloquer de grands dossiers et de déterminer des priorités fortes en matière de développement urbain, d’emploi, de logement, d’environnement et de mobilité notamment.

Mettre en mouvement Bruxelles a été le seul leitmotiv de mon Gouvernement depuis un an.

En matière d’aménagement du territoire, j’avais annoncé ma volonté de faire avancer 7 zones de développement :

  • Reyers
  • Tour & Taxis
  • le plateau du Heysel
  • Schaerbeek Formation
  • Josaphat
  • la zone du Canal
  • et l’Hippodrome de Boitsfort

Un an plus tard, sur chacun de ces 7 dossiers, des pas fondamentaux ont été accomplis.

Toutes ces zones sont dorénavant sur les rails.

Leur développement est maintenant irréversible.

Et il s’agissait d’un véritable impératif.

Dans notre Région aux limites administratives « finies », la ressource la plus rare que nous devons gérer en tant que responsables politiques, est le territoire.

Dans une Région qui connait une des plus grandes explosions démographiques d’Europe ainsi qu’une dualisation socio-économique croissante, seule une gestion optimale du territoire pourra répondre aux besoins de notre population et assurer un avenir à notre Région.

Cette gestion ne peut s’opérer au gré des initiatives, ou selon les seules nécessités du marché.[blocktext align=”left”]Mon credo est simple et clair : cette gouvernance requiert une vision d’ensemble et un pilotage précis que seul le pouvoir régional peut mettre efficacement en œuvre.[/blocktext]

Mon credo est simple et clair : cette gouvernance requiert une vision d’ensemble et un pilotage précis que seul le pouvoir régional peut mettre efficacement en œuvre.

C’est au travers de la gestion du territoire que nous pourrons créer demain les conditions d’une Région attractive, conviviale, solidaire, ouverte sur le monde et pensée pour ses habitants.

C’est pourquoi je vous le dis d’ores et déjà : le prochain Gouvernement devra entreprendre une réforme d’ampleur des structures régionales en charge de l’aménagement du territoire.

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi de vous citer quelques-unes des avancées les plus significatives que nous avons pu engranger sur ces dossiers territoriaux.

Sur Reyers, la Région a signé une charte de collaboration avec la RTBF, la VRT et la commune de Schaerbeek en vue du développement optimal du site.

Sur Tour & Taxis, un permis pour une centaine de logements conventionnés a été délivré à front de la rue Picard et la Région a déterminé du tracé définitif du tram devant desservir ce site.

Par ailleurs, nous avons enfin convenu d’une ligne du temps avec la Ville de Bruxelles pour que le PPAS soit mis à l’enquête publique en septembre.

Je suis très fier de ce que nous avons accompli en un an sur NEO.

NEO, c’est le symbole de Bruxelles qui ose et qui gagne !

Nous avons accéléré le tempo, notamment par la mise en place d’une structure commune Ville-Région qui permettra de donner un nouvel essor au Heysel.

Ainsi que par l’attribution du premier marché public – NEO 1 – qui vient d’être effectué. Ce sera un nouveau quartier commercial, plus de 500 logements et l’amplification de l’offre de loisirs.

Ce projet génèrera un minimum de 3.000 emplois directs.

C’est un exemple parfait des collaborations que Région et Communes seront amenées à multiplier demain.

Sur Schaerbeek-formation, non seulement mon Gouvernement a adopté le schéma directeur visant à accueillir un nouveau pôle multimodal efficace permettant de concentrer sur un domaine continu des fonctions portuaires, logistiques et industrielles et de regrouper les activités économiques actuellement présentes dans la zone.

Mais ici aussi, il faudra une méthode, la vision d’avenir de ce site devra se faire dans le cadre plus global des objectifs de redynamisation voulus pour l’ensemble de la zone du Canal, j’y reviendrai.

Mon Gouvernement a enfin a adopté un Plan directeur pour le futur quartier Josaphat. Et il l’a fait en total accord avec les deux communes concernées, Schaerbeek et Evere. Ici aussi, bel exemple de collaboration.

Le potentiel de développement est considérable : nous avons prévu pas moins de 1.800 logements dont 45% de logements publics, 1 école – potentiellement bilingue, ce qui est le signe d’une véritable volonté du Gouvernement –, une salle de sports, 2 crèches, 4 hectares d’espaces verts et le maintien des entreprises sur la Zone d’industrie urbaine.

Je veux terminer cette déclinaison territoriale par le Canal.

Car ma conviction est forte à cet égard : le renouveau du territoire du Canal sera le symbole du renouveau de Bruxelles.

C’est le long du Canal que nous réussirons – ou échouerons (mais c’est une hypothèse que mon caractère volontariste ne peut envisager) – le Bruxelles de 2025.

Car le Canal, c’est un territoire de 2.850 hectares qui nous permettra de répondre adéquatement au boom démographique et au besoin de nouveaux logements, d’écoles, d’équipements, d’infrastructures de mobilité.

Qui nous permettra de répondre à la nécessité d’amplifier la présence d’activités économiques et d’emplois pour les Bruxellois.

Qui nous permettra d’enfin mettre en œuvre à Bruxelles – alors que toutes les autres grandes villes du monde l’ont déjà fait –des scénarios de cohabitation de la dimension économique avec les autres fonctions de la ville.

Qui nous permettra de répondre à la nécessité d’améliorer le cadre de vie de ce territoire au profit de ses habitants et retisser les liens entre les deux rives du Canal

Qui nous permettra de remettre à l’honneur les espaces publics et de rendre les berges de l’eau aux Bruxellois.

Beaucoup a été fait depuis un an mais la route est encore longue.

Nous avons validé un « Domaine régional » de 313 hectares au sein duquel la Région sera l’autorité délivrante de tous les permis.

Last but not least, je suis fier des avancées que j’ai pu engranger en vue de la création d’un véritable musée d’art moderne et contemporaine d’envergure internationale sur le site « Citroën » d’Yser !

Mais je le dis du haut de cette tribune : il faudra encore aller plus loin !

Il faudra entre autres constituer une structure opérationnelle qui disposera notamment de la gestion de l’ensemble du foncier public dans la zone.

C’est un impératif si nous voulons réussir ce développement global.

Mesdames, Messieurs,[blocktext align=”right”]Pas de « bla bla » vous disais-je. Mais bien des actions concrètes pour renforcer Bruxelles et soutenir les Bruxellois.[/blocktext]

Pas de « bla bla » vous disais-je.

Mais bien des actions concrètes pour renforcer Bruxelles et soutenir les Bruxellois.

Avec le développement territorial, l’emploi des Bruxellois est certainement le plus grand défi que nous avons à relever.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler longuement le paradoxe bruxellois de l’emploi : tout en constituant le principal bassin d’emploi du pays – plus de 700.000 emplois sont occupés à Bruxelles – notre Région présente un taux de chômage beaucoup trop important, principalement chez les jeunes.

Par contre, je ne vais pas me gêner pour tordre le cou à une idée reçue, malheureusement relayée par certains en ces temps houleux de campagne électorale.

Non, la politique de l’emploi n’est pas un échec en Région bruxelloise !

En effet, malgré la crise, entre 2000 et 2012, la croissance de l’emploi bruxellois est de 9,2 % contre 7,8 % en Flandre et 8 % en Wallonie !

Nous sommes la Région qui a créé le plus d’emplois ces 10 dernières années ! Nous sommes aussi celle qui crée le plus d’entreprises !

Mais nous sommes aussi la Région qui connaît la plus grande croissance démographique. En effet, chez nous, l’évolution de la population active est plus importante que celle de l’emploi, ce qui nous met objectivement en difficulté.

C’est pourquoi dès l’entame de mon mandat de Ministre-Président, j’ai organisé un Sommet social extraordinaire avec les partenaires sociaux qui a permis de concentrer les objectifs régionaux vers la remise à l’emploi des jeunes Bruxellois.

C’est ainsi qu’une série d’actions concrètes a été décidée afin de favoriser la remise à l’emploi des jeunes.

Au total, 45 mesures constituent le cœur du plan d’actions de ce Sommet social, pour un budget global, sur deux années, excédant 40 millions d’euros, orientés sur des mesures nouvelles, en matière de mise à l’emploi, de formation, d’enseignement, de prévention, de remédiation, de l’accompagnement dans le retour aux études, de lutte contre le décrochage scolaire…

Un an plus tard, nous avons déjà des résultats !

  •  1.776 formations professionnelles par an supplémentaires ont été organisées par Bruxelles Formation et la VGC
  •  7.029 chèques langue ont été distribués, soit une augmentation de 6 % en un an
  •  1.065 emplois ont été créés grâce au renforcement de la mobilité des travailleurs en Région flamande
  •  La lutte contre les pièges à l’emploi a connu une avancée notable par le renforcement de l’encadrement des crèches avec l’engagement de 150 ACS
  •  « Brulingua », la plateforme d’apprentissage des langues en ligne a été mise en place, bénéficiant à 1.500 personnes par an…

Par ailleurs, nous avons été la première Région du pays à mettre en place la « garantie jeunes » avec un objectif dont on m’a confié la responsabilité et dont je suis fier des résultats : réunir la Région et les Communautés autour d’un même plan et de mesures communes.

Mais, croyez-moi, je suis conscient que le nœud central du chômage à Bruxelles reste le manque de formation et de qualification de nos jeunes.

L’école est LA clé de l’ensemble de l’édifice.

Et à cet égard, ma conviction est forte : demain, les Régions – et en particulier la nôtre – devront peser davantage sur les décisions des Communautés en ce qui concerne l’enseignement.

Les besoins de Bruxelles ne sont pas les mêmes qu’en Flandre et en Wallonie.

Cette particularité doit être au cœur d’un partenariat entre la Région bruxelloise et les deux grandes Communautés.

Mesdames, Messieurs,

Vous l’aurez compris, en miroir de ces réalisations, ce sont les défis de demain que je vous dessine : l’emploi des Bruxellois et notre capacité à offrir à tous un cadre de vie agréable dans tous les quartiers de Bruxelles.

Mais ces défis dépassent évidemment la seule Région bruxelloise.

La Région bruxelloise ne vit pas en vase clos et plus que jamais nous devons aborder notre identité comme une force dans nos rapports aux autres institutions de ce pays.

La 6ème réforme de l’Etat fait de la Région bruxelloise, une Région à part entière, une Région refinancée, une Région qui se situe rigoureusement sur un pied d’égalité avec les deux autres Régions.

Je le dis clairement, Bruxelles sera un acteur majeur du fédéralisme belge de demain.

Région légalement bilingue et factuellement multilingue, elle doit être un concentré de la réussite du modèle belge.

Bruxelles, c’est l’atout capital de notre pays.

C’est aussi pour cela que nous voulons ardemment mettre en place la zone métropolitaine consacrée par la 6ème réforme de l’Etat. Elle doit devenir un lieu majeur de collaboration au bénéfice des habitants tant des Brabants que de Bruxelles.

C’est un impératif en matière d’emploi, de mobilité, d’enseignement, de formation, de logement, d’aménagement du territoire. Et j’en passe.

Et « impératif doit faire loi ».

N’ayons peur ni de l’Etat fédéral, ni de la Flandre, ni de la Wallonie.

N’ayons surtout pas peur de nous-mêmes.

Il n’y a aucune raison : tout est entre nos mains pour construire une région florissante.

Au placard, les complexes souvent d’infériorité mais malheureusement parfois aussi de supériorité.

Soyons-nous mêmes et négocions d’égal à égal, avec chacune des entités, des accords de collaboration qui soient «gagnant-gagnant».

Permettez-moi à cet égard un mot en particulier vis-à-vis du Fédéral.

Ces dernières semaines ont été – comme trop souvent avant les élections – l’occasion d’une nouvelle montée de fièvre dans le dossier du survol de Bruxelles.

Je ne ferai pas de politique politicienne, le dossier est trop important pour le bien être des Bruxellois.

D’ailleurs, le Gouvernement régional l’a bien compris et a gardé son unité, convaincu que l’heure n’était pas à la division des Bruxellois sur ce dossier.

Je veux simplement être clair : le fédéralisme de coopération que nous appelons de nos vœux doit être juste.

La Région bruxelloise n’est pas égoïste ou aveugle face aux besoins économiques.

Et son espace aérien n’est pas fait de murs.

Mais nous avons la responsabilité de faire respecter tous nos habitants!

Pour cela, il est impératif que des solutions structurelles soient trouvées.

Et celles-ci devront inévitablement prendre en compte le fait que Bruxelles est une très grande ville, très densément peuplée.

Et qu’aucun de ses quartiers, aucun de ses habitants n’a à souffrir du survol exagéré des avions.

Voilà les paramètres qui devront guider les décisions du prochain Gouvernement fédéral.

Mesdames, Messieurs,

Nous fêtons nos 25 ans !

Bruxelles a changé en 25 ans et …. Bruxelles nous a changé. Au sein du personnel politique, dans les entreprises, dans le monde associatif, parmi les citoyennes et les citoyens, c’est progressivement une majorité de femmes et d’hommes qui ont grandi avec Bruxelles et pour qui l’institution régionale constitue naturellement l’acteur publique de référence.

Cette génération porte une autre vision de Bruxelles, une vision qui s’appuie sur le fait régional, une vision qui, pour cette raison, propose des conceptions inédites sur les rapports entre communautés, entre niveaux de pouvoir intra-bruxellois, avec les autres entités fédérées.

Cette génération a redéfini l’identité bruxelloise, une identité plus que jamais fondée sur le mélange et l’urbanité, mais qui se reconnaît désormais dans une dimension internationale de la capitale, et exprime une conception de la ville comme espace de rencontres et de rassemblement plus que comme le centre ou la tête d’un état.[blocktext align=”left”]Bruxelles a des talents. Bruxelles a de la créativité. Bruxelles a des énergies. Donnons lui notre volonté.[/blocktext]

C’est une identité ouverte, elle appartient à ceux qui la partagent. C’est une identité qui n’exclut personne, d’où qu’il vienne, quelles que soient ses convictions religieuses ou philosophiques, quel que soit la couleur de sa peau. C’est une identité qui ne prétend pas à l’exclusivité , une identité qui relie et qui ne replie pas.

Plus que le coin de terre où nous avons choisi de vivre et où nous voulons faire en sorte que la vie soit meilleure, ce sont aussi des valeurs que nous défendons à travers Bruxelles. Et cela doit nous donner davantage encore de détermination pour relever les défis qui nous attendent et répondre aux besoins et aux difficultés concrètes de la population.

 Bruxelles a des talents. Bruxelles a de la créativité. Bruxelles a des énergies. Donnons lui notre volonté.

Vive Bruxelles !

Bon anniversaire à Bruxelles !

Et bonne fête de l’Iris à toutes et à tous !